Alexandre Nunes, Prendre la parole en public, 2018.
Distributeur de papier essuie-mains, rouleau avec graffiti, tube fluorescent.
Photo : © Alexandre Lepage
Dans l'installation Prendre la parole en public (2018) (Figure 2.6), qui a aussi été présentée dans le cadre de mon exposition finale, nous sommes en présence d'une oeuvre qui possède à la fois les caractéristiques d'une oeuvre picturale et d'une oeuvre sculpturale. Les différents éléments qui la composent : tube fluorescent, faux panneau de salle de bain et distributeur de papier à essuie-mains, nous font penser à un tableau ou à un fragment qui aurait été prélevé de son lieu original. J'ai ici détourné le distributeur de papier de sa fonction usuelle, pour le convertir en un distributeur de messages à connotations politiques. Le rouleau de papier blanc qui se trouve à l'intérieur de la machine a été transformé en un rouleau manuscrit sur lequel sont imprimés des graffiti provenants de toilettes publiques. On peut y lire des phrases tels que : « Nous ne sommes pas de ceux qui abandonnent »; « Art is anything you can get away with »; « Where is our democracy ? »; « Les charognards pensent que l'art n'est qu'un jeu » ; etc. La sculpture en attente, au-delà de ses qualités esthétiques, sert à établir un contact avec le visiteur et à lui faire découvrir un objet dérivé qu'il peut emporter avec lui. Le morceau de papier déchiré qui généralement sert à essuyer les mains et qui est jeté aux poubelles après usage, prend ici une tout autre signification. L'objet à emporter devient en quelque sorte le porte-voix d'une parole anonyme qui est à nouveau projeté dans la sphère publique.