Alexandre Nunes, Reliques, 2006.
Fils électriques, tiges de cuivres, lecteur MP3.
Maison de la Culture Rosemont-Petite-Patrie, Montréal.
Photo: © Annie Rossano
Je me souviens quand j'ai commencé à faire de la sculpture de façon autodidacte il y a une quinzaine d'années (Figure 1.3). Mon approche en art était plutôt formaliste et ma technique référait à plusieurs égards au côté répétitif et manuel du tissage. C'était un travail minutieux et presque obsessif que je m'employais à faire dans l'espace réduit de mon logement du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Un exercice au quotidien qui avait les allures d'un rituel. Mes sculptures se présentaient alors comme des formes abstraites et organiques faites à partir de fils électriques récupérés dans différents appareils domestiques jetés aux ordures (téléviseurs, jouets, électroménagers, etc.).
Une fois répartis selon leurs tailles et leurs couleurs, ces fils étaient ensuite assemblés ou "tissés" sur des armatures de tiges de métal pour former des surfaces colorées dont chacun des plans étaient comme infléchi par un envol dynamique. Les fils devenaient en quelque sorte des ''pigments'' avec lesquels j'en venais à sculpter de la couleur, à réaliser des camaïeux où prédominait telle teinte de rouge, d'orange, de bleu, de brun, de noir, de blanc. Le matériau de ces sculptures était détourné de sa finalité habituelle et suspendue du cycle de la consommation, comme si un sursis avait été octroyé à ce qui a été perçu comme quelque chose d'indésirable et d'irrécupérable par la société.